Made in Japan

Un séjour au Japon, en novembre 2017, m’a rapprochée de cette technique passionnante que j’ai pu découvrir dans le parc Ueno à Tokyo, grâce à Chichi qui la pratique de manière régulière en extérieur avec son vélo, dans les parcs publics.

Video paper theater-japanology Plus / NHK WORLD-JAPAN

Kamishibai, or paper theater, is a form of storytelling that uses large picture cards. It was wildly popular throughout Japan in the 1930s. Today, it’s still enjoyed in kindergartens and libraries. This time, our theme is Kamishibai. Our main guest, Sakai Kyoko, talks about how Kamishibai titles are created, and how they should be performed. And in Plus One, we meet American poet Arthur Binard, whose own Kamishibai communicates the horror of the atomic bomb.

Le kamishibaï – aussi appelé théâtre d’images – est une technique de contage d’origine japonaise basée sur des images qu’un conteur fait défiler dans un castelet (ou butaï) en bois à trois portes. La particularité du kamishibaï consiste à développer un profond sentiment d’union collective. Ce sentiment, valorisé par le peuple japonais, est réellement ressenti par le public d’ici, même très jeune ; la magie des images qui se laissent dévoiler très progressivement dans un « fondu-enchaîné » provoque des émotions différentes d’un livre que l’on ouvre page après page. La concentration qui se lit sur les visages des enfants montre à quel point ils sont capables d’entrer dans un monde imaginaire riche et d’écouter un texte quelquefois un peu plus long que ceux des albums écrits pour leur âge. 
Historique
Une forme ancestrale de kamishibaï est décrite dès le VIIIe siècle au Japon lorsque des moines prêcheurs sillonnaient le pays pour convertir les paysans. Ils utilisaient des dessins peints sur des planches de papier glissées à l’intérieur d’un cadre en bois. La particularité était que des textes calligraphiés étaient associés à ces dessins et qu’ils racontaient une histoire que l’on découvrait au fur et à mesure. Nous verrons ultérieurement que les conteurs japonais, dans les années 1920, ont retrouvé cette ancienne technique de contage.
Au Japon, jusqu’en 1890, trois manières de conter égayaient la pénombre des théâtres de boulevard. Il s’agissait des ombres chinoises, de « la lanterne magique » et du tashi-e (figurines en carton colorées, découpées et fixées sur une tige de bambou que le conteur déplaçait dans les rainures d’un meuble, à la manière du petit théâtre à l’italienne).L’arrivée du cinéma en 1895 a détrôné le théâtre d’ombres chinoises et la lanterne magique, les salles de théâtre ont été réquisitionnées pour la projection des films. Seul le tashi-e qui n’avait pas besoin de l’obscurité des salles a pu survivre. Des milliers d’artistes qui travaillaient dans les théâtres ont été obligés de se reconvertir et ils ont redécouvert l’ancienne technique des moines prêcheurs, le kamishibaï, beaucoup plus facile à utiliser que le tashi-e.
En 1923, un écrivain et un illustrateur ont créé le premier kamishibaï pour enfants : « La chauve-souris d’or » qui est une histoire de revenants, proche de notre célèbre Batman. S’en suivit une production variée de kamishibaï.  Dès 1925-1930, les gaïtos (conteurs de kamishibaï – oncles gaïto) se déplaçaient à vélo, transportant sur leur porte-bagages un coffret contenant les planches illustrées et ils donnaient des représentations au coin des rues. Le Japon était affecté par la grande dépression des années 1930 et c’était un moyen de subsistance pour ces conteurs improvisés.
On estime qu’il y avait trois millions de diseurs de kamishibaï au Japon, dont vingt mille seulement pour Tokyo.
Durant la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement japonais a utilisé ce support pour sa propagande militariste. Dès l’après-guerre, les Japonais ont pris conscience de la valeur de ce patrimoine, mais au début des années 1960, l’essor de la télévision a détrôné cet outil de divertissement ; par contre, les écoles et les bibliothèques ont continué d’utiliser le kamishibaï éducatif, comme c’est encore le cas de nos jours.
Sources : Corinne Rochat, Centre de ressources en éducation de l’enfance, Lausanne et Jacqueline Wernli, directrice des Éditions Paloma. Édith Montelle, « La Boîte magique », Editions Callicéphale, 2007

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